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Des fourmis dans les ailes
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22 juillet 2005

Démangeaisons - 3

Et bien sûr, un jour est arrivé où après avoir rempli des fiches, des papiers, fait des chèques, acheté des fournitures et - quand même - fait un peu de théorie, je me suis retrouvé assis à la place avant-gauche d'un avion, avec pour mission de faire tout comme si je savais piloter.

Ca s'appelle le premier vol.

Gasp !

C'était curieux comme sensation. J'étais à la fois fier, et pas fier du tout !

Fier d'avoir mon joli casque sur la tête, les pieds sur les palonniers, les check-lists en main, les instruments devant moi, l'instructeur à coté (oui, quand même, je ne pouvais pas lui refuser ce plaisir, il est sympa), et ma femme à l'arrière, munie de l'appareil photo pour immortaliser l'instant.

Pas fier du tout, parce que j'avais le cerveau vide, j'avais tout oublié, je ne me souvenais plus de la différence entre la réchauffe carbu et la richesse, les ailerons et les volets, le tangage et le roulis, les noeuds, les pieds et les nautiques, le Nord, le Sud. Rien, rien de rien. Black out total, bouche ouverte, stupide, à bafouiller des euhhhhh.

Après la prévol et les checklists, j'ai démarré le moteur et j'ai tenté de rouler droit. C'était un DR400, vous savez, avec la roulette conjuguée grâce à des ressorts. Vous poussez, il ne se passe rien. Puis d'un seul coup, ça part. Alors on pousse de l'autre coté, puis de l'autre coté, puis de l'autre coté... J'en vois qui rigolent...

Après quelques errances d'un bord à l'autre du taxiway, ma femme morte de rire à l'arrière, et moi vert de honte en imaginant les gentils contrôleurs pliés en quatre en regardant ce DR400 aussi gracieux au sol qu'un pochetron bien imbibé, on est arrivé sur la zone des essais moteur. Bien, je passe l'épisode "maintenant que le truc roule à peu près droit va falloir l'arrêter" (non, non, le frein droit et gauche en même temps, sinon on se met en travers).

Essai moteur OK, et l'instructeur demande l'alignement...

C'est là qu'on réalise. C'est là qu'on se dit qu'il va falloir réveiller un peu les neurones parce qu'il va se passer quelque chose dans pas longtemps.

Je reprends donc mes évolutions zigzagantes pour aller me positionner au centre de la piste. Enfin, quand je dis au centre...

Mon gentil FI me réexplique ce que je dois faire :

- je m'occupe des palonniers et des gaz, toi tu te contentes de tirer sur le manche quand je te le dis et de garder une assiette de 5° environ, c'est d'accord ?
- euhhhhhh ... oui !

alignement

Je ne vous explique pas comment j'étais accroché au manche quand il a poussé les gaz. Puis je l'ai entendu réciter la litanie de la check avant décollage, puis "rotation !". Alors j'ai tiré. Doucement d'abord, puis franchement. Un petit flottement et hop ! Le machin est en l'air.

Et c'est moi qui suis aux commandes.

Une fois en l'air, il m'a fallu un certain temps quand même pour me décontracter. Ce premier vol restera un grand moment dans mes souvenirs. J'ai été longtemps cramponné au manche les yeux rivés sur l'horizon et le repère pare-brise, mais peu à peu la sensation de liberté est arrivée, et le plaisir avec. On est passé au dessus de la maison, j'ai rien vu parce que jétais trop occupé à essayer de garder ce p... de repère à peu près fixe. Ce qui est sûr c'est que je n'ai pas vu passer l'heure, et une fois de retour au parking j'étais comme sonné, ailleurs, comme quand on se réveille au milieu d'un rêve.

On a rentré la machine, un petit coup de chiffon sur les ailes et la verrière pour décoller les moustiques, rempli le carnet de route de l'avion, la feuille de facturation, et... le carnet de vol.

Ma première ligne inscrite dans mon carnet de vol.

C'était une bien belle journée que ce 8 juin 2005.

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